vendredi 12 octobre 2012

La guerre des générations n'aura pas lieu (1)



Depuis une dizaine d’années, nombreux sont ceux qui s’inquiètent de la montée des inégalités intergénérationnelles en France, mais aussi au sein des pays de l’OCDE. En 1975, l’écart de salaire entre les seniors et les juniors était de 15 % en moyenne. Cet écart est désormais de 40 % alors que l’élévation du niveau de qualification aurait dû déboucher au contraire sur un rapprochement des salaires. Tandis que le taux de pauvreté des plus de 60 ans a été divisé par deux depuis les années 1970, celui des jeunes a été multiplié par deux. Bref, nous sommes passés de la « fracture sociale » chère à Jacques Chirac en 1995 à la « fracture générationnelle » chère à François Hollande aujourd’hui.
Ce constat, qui ne fait plus débat aujourd’hui, alimente la crainte d’un conflit intergénérationnel, voire d’une guerre entre les générations.

Le choc des générations ?

À en croire les médias, c’est particulièrement dans l’entreprise que la rencontre des jeunes et des moins jeunes serait frontale. En partant du présupposé (jamais vérifié) que les différences entre les générations seraient radicales et l’incompréhension inévitable, on nous ressort régulièrement l’antienne du combat entre les anciens et les modernes. Il faut dire que, malheureusement, il est difficile aux journalistes de parler des trains qui arrivent à l’heure.
C’est ainsi qu’ils préfèrent traquer l’exception… même si elle confirme la règle. Les médias n’hésitent donc pas à faire appel à des titres choc : « Jeunes vieux : cohabitations à risques », « Le choc des cultures qui bouscule les entreprises », « La guerre des âges », « Le fossé des générations », etc. Les manuels de management, eux, ne sont pas en reste ; de même que les discours des consultants : il faut bien vendre !

Une guerre économique ?

Ces tensions entre générations dépasseraient largement le cadre professionnel. Certains jouent à se faire peur en évoquant une troisième guerre mondiale au début du IIIe millénaire qui n’opposerait pas des nations entre elles, mais des générations, en l’occurrence les « baby-loosers » contre les baby-boomers. Cette guerre qui couve serait essentiellement économique avec pour enjeu l’équité intergénérationnelle. Le risque serait que les jeunes refusent de supporter le poids des impôts dû aux déficits budgétaires de leurs aînés. Quelques voix s’élèvent en effet parmi la « génération Y » pour prévenir que « nous ne rembourserons pas vos dettes ».
Une fois arrivés au pouvoir, les nouvelles générations pourraient en effet être tentées de baisser les pensions de retraite ou bien de déclencher une inflation massive afin d’alléger le fardeau que représente la dette publique laissée en héritage. La dévaluation du patrimoine qui en résulterait toucherait en premier lieu les seniors puisque ce sont essentiellement les plus âgés qui sont propriétaires. « Aujourd’hui, ce sont eux, les vieux, qui gagnent contre les jeunes. Ils n’en ont rien à faire de s’endetter puisque ce ne sont pas eux qui remboursent. Demain, ils seront ruinés », pronostique Jacques Attali.

« Nos enfants nous haïront » prédisent certains baby-boomers. La guerre économique pourrait ainsi se doubler d’un procès politique. Les baby-boomers sont déjà surnommés les « Fat Cats » ou les « Fat Pigs » dans certains pays. D’aucuns envisagent la mise en examen des Soixante-huitards ! D’autres imaginent un darwinisme social d’un nouveau genre : Soleil vert, un film d’anticipation sorti en 1973 met en scène l’élimination des personnes âgées inaptes au travail et l’euthanasie de vieillards en 2022 du fait de la surpopulation de la terre. 

Présentation du livre "Les jeunes expliqués aux vieux"


 « Je fais partie d’une génération qui détient plus de soixante-dix surnoms : génération 35 heures, génération always on, génération contrat, génération enfant-roi, génération Internet, génération Mc Do, génération Me-We, génération précaire, génération Tanguy, génération Y, génération zapping…

Tous ces qualificatifs donnent le vertige. En même temps, c’est rassurant : si vous, les « vieux », avez besoin de tant de surnoms pour parler de nous, c’est bien la preuve que nous ne sommes pas si faciles que cela à cerner !

Lassé par les clichés colportés sur la jeunesse française actuelle, j’ai pris ma plume pour raconter qui nous sommes.

Chers papas, chères mamans, chers patrons, c’est donc à vous que j’écris, ainsi que, plus globalement, à tous ceux qui voudraient nous comprendre parce que nous sommes vos enfants, vos petits-enfants, vos neveux et nièces, vos clients, vos salariés et tout simplement l’avenir : bref, ceux qui payeront votre retraite.

Il ne s’agit ni de verser dans le panégyrique pour souligner comme nous serions jeunes et beaux tandis que vous seriez vieux et cons, ni de glorifier je ne sais quelle « jeune attitude » pour vous ringardiser du même coup. Non, loin de moi cette fâcheuse tendance à opposer jeunes et moins jeunes en soufflant sur les braises d’un éventuel conflit intergénérationnel.

Au contraire, à travers ce «Guide du Routard » sur les jeunes, je vous livre notre mode d’emploi. Vous pourrez ainsi mieux nous connaître, mieux nous comprendre et peut-être (qui sait ?) nous aimer au lieu de nous juger ! »

Extraits de la Préface du livre :
Denis Monneuse, Les jeunes expliqués aux vieux, Paris, L'Harmattan, 2012.

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